Contre la casse des retraites imaginée par le gouvernement une mobilisation inédite s’organise pour une grève reconductible à partir du jeudi 5 décembre. De nombreux secteurs se mobilisent ensemble pour la première fois depuis longtemps. Cette configuration fait craindre au gouvernement un bis repetita de 1995 contre le plan Juppé et oblige déjà le gouvernement à revoir ses plans.
Alerte à la grève générale ! Cheminots, salariés de la RATP, d’Air France, personnels hospitaliers, professeurs, employés communaux, pompiers, forces de l’ordre, ou encore étudiants prévoient une mobilisation de grande ampleur contre la réforme des retraites le jeudi 5 décembre. Un appel syndical (CGT, FSU, FO, Unef, Unsa, Sud…) est repris par les gilets jaunes. Les « gilets jaunes » réunis début novembre dans leur « Assemblée des assemblées » à Montpellier, ont voté à une immense majorité une proposition pour rejoindre la grève du 5 décembre contre la réforme des retraites.
Cette journée de grève pourrait être reconduite, laissant entrevoir un mois de décembre placé sous le signe de la contestation sociale. Même période même sujet. Cela rappelle furieusement le mouvement de 1995, quand la mobilisation avait obligé le gouvernement à retirer le « plan Juppé » qui s’attaquait déjà aux retraites et à la sécurité sociale.
Baisses des pensions et allongement du temps de travail
Les raisons de cette mobilisation sont avant tout à trouver dans les régressions sociales contenues dans la réforme imposée par le gouvernement : importantes baisses des pensions et allongement conséquent du temps de travail (Lire à ce sujet notre précédent article).
À cela s’ajoute le sentiment que la politique de ce gouvernement est uniquement tournée contre les salariés avec en quelques mois la casse du code du travail, des allocations chômage, une sécurité sociale mise à mal… Cette colère diffuse pourrait se cristalliser le jeudi 5 décembre et donner lieu à un mouvement social inédit.
Vers un conflit dur ?
Un scénario que le gouvernement prend très au sérieux. Cité dans Le Monde, Édouard Philippe, le premier ministre annonce une mobilisation « très importante ». Il y a une semaine, lors d’une réunion de groupe des députés de La République en marche, Édouard Philippe a lui-même préparé les esprits à un conflit dur. « Je viens souvent vous voir en vous disant que ça va tanguer. Cela a parfois tangué, parfois pas du tout. Mais ce n’est rien en comparaison de ce que l’on peut craindre avec la réforme des retraites. Cela va être sportif », a-t-il dit, en substance, aux élus de sa majorité.
La réforme est loin d’être encore aboutie. Le gouvernement s’est laissé la possibilité de la transformer et peut-être d’y renoncer, avant l’examen du texte attendu au Parlement à l’été 2020. Les Échos ont révélé le 16 octobre un document de travail faisant état de plusieurs “scénarios” en cas de recul. Parmi eux, celui de n’appliquer la réforme qu’aux nouveaux entrants sur le marché du travail. Un délai qui repousserait la mise en œuvre à plusieurs décennies. Des améliorations qui restent insuffisantes pour la CGT qui refuse de voir les générations futures être les seules victimes de la casse sociale.
Pour mémoire, le 12 décembre 1995, deux millions de personnes avaient manifesté à travers toute la France contre le plan Juppé. Trois jours plus tard, le gouvernement avait retiré sa réforme sur les retraites. Alors jeudi 5 décembre on répète l’opération ? Prévoyez chaussettes chaudes, gants et bonnet.